V. Perception et effets délétères

La perception


Selon le philosophe français Henri Bergson (1859 – 1941), la perception ordinaire se structure par le langage, est naturellement orientée vers l’action et se limite aux mots qui confèrent au réel sa partie transmissible


Le Romantisme


selon Emmanuel Kant (1724 – 1804), l’avènement de l’homme moderne, soucieux de mener sa vie selon ses propres aspirations constitue une révolution philosophique inédite dans l’histoire


Pour Gerhard Krüger (1902-1972), le romantisme résulte de la réaction à un mouvement antérieur, dénommé en allemand l’Aufklärung


Fichte (1762-1814), philosophe cofondateur de l’idéalisme allemand et Hegel (1770-1831), dont l’œuvre a eu une influence décisive sur l’ensemble de la philosophie contemporaine, tenteront de pallier au manque de contenu de l’existence moderne par l’assouplissement des principes fondateurs de l’Aufklärung


le mot a fait son entrée dans la langue française, par « Les Rêveries du promeneur solitaire » de Jean-Jacques Rousseau, lequel envisage la nature romantique des rives sauvages du lac de Bienne


Charles Baudelaire le défini le romantisme comme « une manière de sentir » : « Ils l’ont cherché en dehors, et c’était en dedans qu’il était seulement possible de le trouver »


Francisco Goya (1746-1828), est le précurseur du romantisme. Il commence à peindre de manière non académique, dans le but d’exprimer et de transmettre avec force, sa vision personnelle du monde


Carl Gustav Carus (1789-1869), médecin et peintre allemand, ami de Goethe, métaphysicien de la vie et désireux de marquer ses distances à l’égard du panthéisme génère les mots d’enthéisme et de panenthéisme, dont le sens est que si le divin habite toute chose, tout n’est évidemment pas en Dieu


En Angleterre William Blake et Heinrich Füssli peignent des visions de leur univers intérieur en créant un monde visuel fantastique tant au niveau de la forme que du contenu


Caspar David Friedrich (1774-1840), peintre allemand, significatif et influent du romantisme allemand, suggère dans son tableau « Le voyageur contemplant une mer de nuages », la présence d’un dieu caché attirant le spectateur dans l’infini de l’espace, suggéré par un paysage sensé être situé au-delà du tableau, donc au-delà de la peinture elle-même


Le renouveau de la peinture de paysage vient d’Angleterre. John Constable (1776-1837), en fera l’égal de la peinture historique, jugée à l’époque plus importante. Son style simple, à la touche libre, refuse le détail et excelle dans le rendu de l’ombre et de la lumière par le scintillement, la stridence et les effets du soleil dans la végétation


Son compatriote William Turner (1775-1871), abandonne totalement la perspective linéaire pour laisser impulsivement la matière et les couleurs suggérer des formes tourbillonnantes et démontrer l’impuissance humaine, face à une nature violente et déchaînée


Ce sentiment, exhalé dans le rendu, va influencer les romantiques français et sera à partir de la moitié du siècle le propos pictural développé par l’École de Barbizon, village limitrophe de la forêt de Fontainebleau, centre spirituel des peintres paysagistes de 1825 aux années 1870, préalable du mouvement impressionniste


Théodore Géricault, inspiré des maîtres anciens, va utiliser la composition monumentale réaliste. Sa toile « Le Radeau de la Méduse », dénonce un des plus grands scandales de son époque





Dans les Observations sur le sentiment du Beau et du Sublime, Kant avance certaines données relatives à une théorie du sublime, comme le concept du plaisir mêlé d’effroi présent chez Burke (1729-1797), homme politique et philosophe irlandais



Le doute accompagne la volonté de progrès et l’excès de piété religieuse s’installe chez ceux qui peuvent lire la démonstration faite par Nietzsche de la mort de Dieu


En France, l’engagement politique républicain et le rejet des théories académiques laissent cependant l’influence de l’art classique subsister dans le travail d’Eugène Delacroix (1798-1863)


antithèse du courant néoclassique incarné par Jean-Dominique Ingres (1780-1867), proche des Bourbons et du régime de la Restauration


« Le manifeste du parti communiste » de Karl Marx (1818-1883) et de Friedrich Engels (1820-1895), de la même époque que le tableau “La liberté guidant le peuple” de Delacroix, attestent que le Romantisme est un engagement à la révolte politique et sociale


Selon Edmond Couchot (1932), pionnier des arts numériques, le romantisme n’est ni une école, ni une technique, ni même un style, mais une perception esthétique et globale propre au comportement artistique, laquelle incite l’artiste à éprouver personnellement sensations et sentiments, source de flux changeants et circulants


Jean-Marie Schaeffer (1952), philosophe de la définition de l’art, affirme que le romantisme accède à une métaphysique du beau.


Selon Pierre Wat (1965), historien de l’art, critique et professeur d’université français, le romantisme ne définit pas de nouvelles normes, destinées à remplacer celles qu’il désavoue


Pour Robert Rosenblum (1927-2016), historien d’art et professeur américain, dans l’esprit du romantisme de l’art occidental la Beauté cesse d’être une forme ; c’est à l’inverse, à l’informe, au chaotique que va la préférence


La dérive romantique

Dans « La République » ou « La constitution », Adimante de Collytos (-482–382) suggère : « puisque le paraître vient à bout même de la vérité et se montre souverain pour le bonheur, c’est dans cette direction qu’il faut entièrement nous tourner »


Gotthold Ephraïm Lessing (1729-1781) écrira « L’éducation du genre humain », ou « Nathan le sage », appelant au dialogue des civilisations, écho à « La paix de la foi »



les grands compositeurs classiques Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Brahms, Mendelssohn, etc, participeront à une forme d’éducation, qualifiée anti-romantique par l’écrivain et critique Gotthold Ephraim Lessing


Le poète et théoricien de l’esthétique Friedrich Von Schiller (1759-1805) et le poète Heinrich Heine (1797-1856), pensaient pouvoir « créer des citoyens pour une constitution, avant de créer la constitution pour les citoyens »


L’émotion


Le cerveau humain, est organisé en trois niveaux : le premier, le cerveau reptilien est le lieu de l’organisation de notre survie, le gestionnaire des comportements de base. Au-dessus du cerveau reptilien, le système limbique ou cerveau palé-mammalien est l’apanage de tous les mammifères ; l est le siège des émotions et des sentiments. Le troisième, le cortex, permettrait, quant à lui, la pensée abstraite.


Un comportement se déclenche par la conjonction d’une excitation interne élevée et d’un stimulus externe correspondant qui provoque le dépassement de ce seuil d’activation. Il s’agit du mécanisme inné de déclenchement, conjointement découvert par Konrad Lorenz et Nikolaas Tinbergen


« Dans les moments de grande tension, l’esprit se fixe sur un détail sans importance dont on se souvient parfaitement bien longtemps après, comme si l’anxiété nous l’avait à jamais gravé dans le cerveau » – Le mystérieux Mr Quinn – Agatha Christie


Dès 1905, Freud ébauche la théorie des pulsions et l’art devient l’objet de la psychanalyse, la finalité n’étant pas l’évaluation de l’œuvre, mais l’explication des processus psychiques relatifs à son élaboration




Carl Gustav Jung (1875-1961), adhérera à la théorie freudienne de l’inconscient individuel, lui adjoignant toutefois la notion d’archétypes, qui, selon lui, constitue, en fait, la part principale de l’inconscient humain



En 1907, l’ historien et critique d’art allemand Wilhelm Worringer (1881-1965), publie la thèse « Abstraction et empathie ». Elle précise le pouvoir thérapeutique du processus de création artistique


Pour le pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais Donald Woods Winnicott (1816-1971), la vie et la capacité créative mise au service de la communication sont indissociables


Mélanie Klein a instauré la technique de l’analyse enfantine par le jeu, à interpréter le jeu comme s’il s’agissait d’un rêve. Elle utilise le jeu comme médiation thérapeutique, comme un moyen d’accès aux représentations internes symboliques de l’enfant


« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme comme elle est, infinie.»


Il est intéressant, voire amusant, de constater que les travaux du physicien et chimiste soviétique Frank Kamenetskii (1910-1970) et du philosophe Charlie Dunbar Broad (1887-1971) viennent, plus d’un siècle plus tard, corroborer cette célèbre citation de Blake


Ainsi, en 1993, Frank-Kamenetskii écrit au sujet de l’ADN : « Les paires de bases sont arrangées comme un cristal. Cependant, il s’agit d’un cristal linéaire et unidimensionnel, où chaque paire de bases est entourée par seulement deux voisines. »


Dans l’essai « Les Portes de la Perception », Aldous Huxley énonce le propos du Docteur Charlie Dunbar Broad, lequel affirme que toute personne est à tout moment capable de se souvenir de tout ce qui lui est arrivé et de percevoir tout ce qui se produit partout dans l’univers


La critique

selon l’historien de l’art et collectionneur Jacques Thuillier (1928–2011), l’historien d’art ne saurait conduire sa recherche sans avoir le sentiment que celle-ci engendre par elle-même de la valeur


Stendhal (1783-1842), fut le premier à transposer à la littérature, les critères définis par les « Beaux-Arts »


Honoré de Balzac (1799-1850), considère le plasticien comme l’adaptateur des modèles de représentation définis par l’écrivain


Selon Baudelaire (1821-1867), la vérité de l’art est, en soi, morale et l’artiste n’est pas tenu de se conformer à des règles de pure convenance


Courbet (1819-1877), s’offusquera et estimera ses propos inexacts et déplacés


tandis que Mallarmé (1842-1898), s’attirera les foudres de Degas (1834-1917)


Avec Émile Zola (1840-1902), pour qui « l’œuvre est un coin de la création vu à travers un tempérament », l’appréciation devient cruciale et se professionnalise


Le commerce et la spéculation

Le livre de Arnaud Esquerre et Luc Boltanski « Enrichissement : une critique de la marchandise », constitue une intervention dans le champ de l’anthropologie de l’art, au départ de la sociologie et de l’économie


Comme en attestent les romans d’Honoré de Balzac et d’Anatole France, la forme « collection » apparaît au XIXᵉ siècle



Economie : Riches-Pauvres


Une rétrospective au MoMA de New York, au Guggenheim, au Centre Pompidou, à la Tate de Londres, à la Biennale de Venise ou à la documenta de Kassel et c’est l’assurance pour l’artiste de voir sa cote progresser, voire de s’envoler


Art contemporain : pourquoi le prix des œuvres explose!


Le vidéaste Ange Leccia raconte ainsi l’histoire d’une de ses œuvres qui n’a jamais été retirée alors qu’elle avait pourtant été payée


Pierre Alféri, professeur à l’école des Beaux-Arts de Paris, fut une des rares personnalités à avoir critiqué publiquement le projet de fondation Vuitton au moment de son inauguration



La rétrospective que le Centre Pompidou a consacrée à Jeff Koons entre les mois de novembre 2014 et d’avril 2015 représente à coup sûr un cas d’école


François Pinault, et sa galerie, Gagosian, ont permis à cette exposition d’exister grâce au prêt de plusieurs pièces


Le terme « artketing », résume parfaitement cette utilisation de l’art par les marques


Selon le vidéaste Ange Leccia, directeur d’une résidence d’artistes au Palais de Tokyo, les lieux de formation demeurent cependant lesderniersendroits où peut encoresubsister « l’art idéal » non corrompu


Damien Hirst, l’enfant terrible de l’art britannique, a vu, en quelques années, sa cote s’effondrer


Lire VI. L’art contemporain : l’inversion d’un paradigme

1 réflexion sur “V. Perception et effets délétères”

  1. Ping : IV. Musée et Société – P-V Doppagne – Auteur conceptuel

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